Blade Runner the Roleplaying Game, Starter Set et livre de base

J’ai regardé passer sans grand intérêt les annonces de Free League sur la sortie de Blade Runner. Normalement, je ne suis pas transporté par l’idée de jouer dans un univers de fiction développé dans la littérature ou le cinéma. Et puis je pense qu’Alien est passé par là. En lisant le Starter Set d’Alien, je l’ai trouvé tellement génial que je me suis dit que celui de Blade Runner devait sans doute être de la même qualité. Et en gros oui, je ne suis pas déçu. Dans Alien, on se croit dans un film Alien, dans Blade Runner, on se croit dans un film Blade Runner. Le jeu est très bien pensé et l’enquête Electric Dreams proposée dans cette première boîte est très très bien ficelée.

Déballage

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La boîte et son contenu. Il y a du matériel !

Il y a des tas de chose dans la boîte. Des dés, des livrets, des aides de jeu, des cartes… C’est toujours plaisant d’ouvrir une boîte avec des tas de choses dedans. Bon après je joue surtout en ligne, mais j’ai pris la boîte parce que c’est pratique d’avoir les livrets sous le coude et sait-on jamais, un jour peut-être je rejouerai en présentiel.

C’est sans doute sur l’aspect physique que j’aurais quelques critiques négatives. Alors je vais insister : ce jeu est génial et les critiques que je vais faire sont largement compensées par la qualité de tout le reste. Ne vous y arrêtez pas.

D’abord comme Alien, le papier glacé noir est très salissant. Il se retrouve vite plein de trace de doigts. Mais là où Alien a une mise en page assez aérée, celle de Blade Runner est plus resserrée, le texte est en petit corps. D’abord rebuté j’ai trouvé la lecture très agréable à l’usage. Je ne suis pas fan du choix des couleurs non plus, mais on s’y habitue. Les livrets on des reliures cousues, ce qui est un gage de qualité, cela dit j’ai l’impression qu’ils s’abiment rapidement au fur et à mesure que je joue. La mise en page du livre de base est très bonne, comme souvent chez Free League. Cela dit, on n’arrive pas au niveau des Control Panels de Old-School Essentials : un sujet entièrement abordé sur la même double page. Prenez les compétences (p. 58, 59 et 60 du livre de base), c’est frustrant de tourner une page pour toutes les avoir. Le livre de base a bien des index, mais pas les règles de la boîte, ce qui les rend peu pratique en document de référence.

Mais soyons franc, je chipote. Les documents sont agréables à lire et globalement plutôt bien fichus. L’enquête devrait être citée comme exemple à suivre pour écrire une enquête de jdr. Sinon, vous retrouverez les recettes habituelles et efficaces des produits Free League en terme de présentation.

L’Univers

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L’affiche du dernier film Blade Runner.

Le plus simple pour intégrer l’univers de Blade Runner, c’est de regarder les deux films. Le jeu de rôle se situe en 2037, soit à mi-chemin entre le premier film (2019) et le second (2049). Vous retrouverez avec plaisir des personnages issues des deux films dans l’aventure de la boîte.

Pour résumer rapidement cet univers, l’humanité vit dans un monde fortement pollué et dégradé et s’appuie pour son développement sur des êtres humains artificiels, les répliquants, qui sont utilisés comme des machines et qui sont retirés (tués) dès que l’on a un problème avec. Ces répliquants sont souvent plus résistants et puissants que les humains mais sont aussi émotionnellement plus fragiles. Les Blade Runner, que les joueurs vont interpréter, sont des policiers chargés de détecter et retirer tous les répliquants défectueux ou périmés. Depuis 2036, les répliquants de la génération Nexus-9 peuvent eux aussi devenir Blade Runner. Les joueurs pourront ainsi jouer des répliquants ou des humains. L’action du jeu se situe à Los Angeles où se trouve le siège de la société qui produit et vend les répliquants.

Les Règles

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Les dés pour jouer, la licorne est une mauvaise nouvelle quand on veut faire un effort, les yeux représentent les réussites.

C’est de la motorisation An Zéro par jalon de dé (step dice, comme Twilight 2000) et non par réserve de dé (dice pool, comme Mutant: An Zéro, Forbidden Lands, Alien…). Les jalons de dé sont en cours d’ajout au SRD du Moteur An Zéro (Year Zero Engine, YZE). En gros on jette un dé pour l’attribut et un dé pour la compétence et on réussi sur un 6+. Il y a quatre jalons : A (d12), B (d10), C (d8), D (d6). Plus le dé est gros, plus on a de chance de réussir et d’obtenir des succès. Les répliquants ont des bonus sur les attributs physique. Il y a ensuite des mécaniques d’avantage, de désavantage et la possibilité de rejeter les dés avec la possibilité d’avoir des conséquences négatives, comme dans tous les jeux YZE.

Il y a plusieurs mécaniques d’ambiance liée à l’univers de Blade Runner : chaque personnage a une mémoire clef, une relation clef avec lesquels il pourra interagir durant les parties.

La santé des personnages est mesurée par deux jauges : une de santé basée sur les attributs physiques et une de détermination basée sur les attributs mentaux. La détermination des répliquants est divisée par deux. Lorsque ces jauges sont vidés par des blessures pour l’une ou par du stress pour l’autre, on risque un coup critique avec des effets désagréables.

Le combat est assez simplifié, n’étant pas le cœur du jeu, mais reste mortel comme la plupart des jeux Free League. Il y a des règles de course poursuite bien fichues et très amusantes. Sans doute mes règles préférées à ce jour : chaque partie choisi une action (fuir/poursuivre, se cacher, bloquer la voie, prendre un raccourci, tire…), le MJ génère un obstacle, chaque partie révèle son action et on les résout en commençant par celui qui prend la fuite. Comme dans James Bond la distance augmente ou se réduit en fonction d’un jet en opposition entre les deux parties. Fluide et évocateur (dans une partie récente, un fugitif s’est retrouvé bloqué par une procession de moine en tenue orange par exemple, ça m’a beaucoup plu).

Enfin, pour progresser, les joueurs pourront utiliser deux autres jauges : la promotion et l’humanité. Les points de promotion permettent d’obtenir des ressources de la police ou d’acheter des spécialités. Les points d’humanité permettent d’acheter des avancées de compétence. Les points de promotion s’obtiennent en faisant son devoir, en suivant les ordres, les points d’humanité s’obtienne en faisant ce que l’on trouve juste. Les deux sont souvent en opposition. Les joueurs devront faire des choix.

Le jeu est fait pour être joué à peu de joueur, un, voire deux de préférence, mais on peut aller jusqu’à quatre sans trop de souci. Les évènements sont ajustés en fonction du nombre de joueur. Les joueureuses sont encouragées à se séparer pour faire avancer l’enquête plus vite. Ils peuvent communiquer entre eux entre différentes scènes grâce à leur KIA, sorte de smartphone rétrofuturiste connecté au Mainframe de la LAPD.

La mécanique du jeu souligne véritablement l’ambiance des films tout en étant fluide et efficace. Comme la plupart des jeux Free League, je la trouve géniale et super bien adaptée. Je suis épaté par la manière dont le YZE arrive à se réinventer à chaque jeu en mettant en avant les aspects spécifiques de ce dernier.

Electric Dreams

Electric Dreams est le premier scénario d’une campagne, à l’image de ce que Free League a fait pour le Starter Set d’Alien. Et ce scénario est très très chouette. Ma hantise dans les scénarios d’enquête, c’est le jet de Trouver objet caché raté. Parce qu’il n’y a rien de plus cruel qu’un jet de Trouver objet caché raté. La seule raison pour laquelle la joueureuse arrive à trouver ou pas un indice est lié à la chance uniquement et pas sa compétence ou son incompétence. Pour l’enquête, le système Gumshoe propose une piste intéressante : si quelqu’un regarde au bon endroit et à la bonne compétence, il trouve l’indice automatiquement.

Blade Runner propose quelque chose d’autres à peu près aussi malin, qui rappelle un peu les jeux vidéos : sur les lieux à fouiller, on tend ou on téléverse aux joueurs une aide de jeu, une « photo » de la scène. Aux joueurs de trouver des indices à partir de cette photo en allant voir tel ou tel détail qu’ils ont aperçu. Une des joueuse de mon groupe a souligné que c’était aussi dans l’ambiance des films, on pense tous à Deckard qui observe et analyse des photos pour son enquête.

C’est plus compliqué à mettre en œuvre que du Gumshoe si on n’a pas un bon illustrateur sous le coude, cela dit, c’est typiquement la plus value de ce genre de boîte clef en main : avoir des tas d’aide de jeu toutes faites. Les joueurs ne pourront s’en vouloir qu’à eux même s’ils passent à côté d’un indice !

Pour le reste, c’est vraiment une chouette enquête, très bien décrite et qui est totalement fidèle à l’ambiance et aux thèmes de Blade Runner. C’est un vrai plaisir à mettre en place. L’enquête se déroule avec des évènements qui doivent se passer à heure fixe. Est-ce que les joueurs vont les anticiper ? Est-ce qu’il vont passer à côté de l’enquête ? Tout est ouvert, il n’y a pas de fin prédéterminée. Et c’est très agréable.

Qu’est-ce que le livre de base a de plus ?

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Le livre de base.

Vous pouvez jouer sans le livre de base, cela dit, je vous le recommande aussi. D’abord, vous pourrez créer vos propres personnages pour l’aventure. Mon groupe l’a fortement apprécié. Ensuite, vous avez la ville de Los Angeles décrite en un peu plus en détail, c’est pratique pour le scénario. Enfin, vous avez des tables pour générer des enquêtes et franchement, c’est très stimulant. Je suis un MJ feignant qui aime bien faire jouer des trucs déjà tout cuits, mais j’avoue que les mécaniques du jeu me titillent. Peut-être que j’oserai essayer une petite enquête avec.

Et le module FoundryVTT ?

Le module de la boîte, il en existe un autre pour le livre de base.

Comme pour tous les jeux Free League, le module FoundryVTT est la solution pas prise de tête si vous voulez jouer en ligne et que tout le monde a un bon ordi avec une bonne connexion. Vous avez déjà tout dedans, les PNJ, les lieux, le matériel… Tout ! Pas de prép. Un vrai truc de feignant. Mon seul regret se situe sur les plans, qui n’ont pas les légendes de ceux que l’on distribue normalement et qui sont configurés à la D&D avec un brouillard de guerre. Je le fais sauter, parce qu’en présentiel, on montre directement les plans au gens, le brouillard n’apporte pas grand chose selon moi.

J’en profite pour vous montrer un aperçu des fiches de personnages de mes joueureuses. Notez les superbes illustrations faite par l’une d’entre elle (Lise Hamaide) pour l’occasion !

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L’équipe en train de résoudre le mystère de scénario Electric Dreams.

Il faut que je vous dise que ce groupe a été formé sur le Discord d’Orion. Orion a réussi avec quelques amis a créé une communauté très sympathique, ouverte, respectueuse où on peut discuter de jeu de rôle et où on peut organiser des parties en distanciel. J’ai pu faire plein de bonnes parties là bas et rencontrer plein de gens très chouettes.

En conclusion

Oui, oui, oui. Encore un jeu Free League que l’on peut mettre en place très rapidement et dont les mécaniques facilitent un jeu riche et ouvert. Je vous le recommande chaleureusement. Pour le reste, je vous renvoie au site dédié au jeu.

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